Mardi dernier, Chevalannonce s’est introduit dans les coulisses du Cadre Noir de Saumur.
Frédérique Mercier, Directrice de communication depuis 13 ans au Cadre Noir de Saumur, elle-même cavalière et enseignante, a eu la gentillesse de m’accueillir et de me faire visiter les écuries de prestige avant le début du Gala d’ouverture.
Ces écuries abritent les chevaux dits « de prestige » destinés aux représentations et galas. Ils se différencient des chevaux d’école, utilisés pour la formation.
Frédérique Mercier s’est prêtée au jeu et nous a accordé une petite interview.
CA : Quels types de formations sont délivrées par l’ENE ?
FM : Il existe des formations longues qui durent de 1 à 4 ans. La formation initiale qui dure 4 années, doublée d’un cursus universitaire, compte entre 60 et 80 élèves. Nous accueillons notamment des stagiaires en formation professionnelle continue qui viennent se perfectionner entre autre pour la compétition. Il n’y a pas d’initiation ici, on n’apprend pas à monter à cheval.
CA : Comment sélectionnez-vous les candidats ?
FM : Il faut déjà un certain niveau. Par exemple, pour la formation initiale on prend des jeunes bacheliers qui ont à partir de 18 ans, avec un certain bagage technique. L’obtention du baccalauréat est nécessaire, puisque l’idée n’est pas uniquement de les former en tant que technicien à cheval mais vraiment de former des cadres dirigeants et cadres de l’enseignement. Ils doivent donc pouvoir suivre un cursus universitaire jusqu’à un niveau licence. Il faut qu’ils aient un bon dossier scolaire et un bon niveau à cheval avec des résultats significatifs en compétition.
CA : Cette formation continue est-elle beaucoup demandée ?
FM : Il y a en effet une longue liste d’attente sur cette formation initiale, nous recevons environ 100 à 150 dossiers de candidature pour 10 places chaque année.
CA : Existe t-il des formations pour les amateurs ?
FM : Pas réellement. Nous organisons néanmoins des stages pendant les périodes scolaires, mais là encore un certain niveau est requis.
CA : Quel message voulez-vous faire passer à travers vos Galas ?
FM : Nos galas ne servent pas uniquement à faire du spectacle, l’idée est de faire rayonner l’équitation de tradition française. Il y a une mission de transmission du savoir qui est importante.
Vous allez voir, un gala c’est toujours très didactique, très pédagogique. On souhaite emmener le public dans nos réalisations, faire en sorte qu’il se sente concerné, impliqué.
CA : Il y a donc une réelle volonté de la part du Cadre Noir de véhiculer un message au plus grand nombre.
FM : Oui c’est notre mission. D’ailleurs, je pense que nous y parvenons car les gens nous le disent et nous en remercient. Il y a un intérêt certain de la part du public pour notre travail.
CA : Est-ce que le Cadre Noir s’associe avec des compagnies de danse telles que les Elastonautes pour justement toucher plus de monde ?
FM : Oui en partie, mais pas seulement. La dimension du spectacle reste très présente mais surtout le partage est primordial. C’est avant tout la relation entre l’Homme et le Cheval qui est belle. D’ailleurs, c’est cela qui a été reconnu par l’UNESCO en 2011. L’équitation de tradition a été labellisée au Patrimoine Immatériel de l’Humanité, mais ce qu’il faut comprendre c’est que la dimension sentimentale et relationnelle entre le cavalier et son cheval a joué un rôle primordial dans cette reconnaissance.
CA : En parlant de Cheval, comment les chevaux du Cadre Noir sont-ils sélectionnés ?
FM : Les chevaux sont achetés à l’âge de 3 ans. Une commission d’achat est dédiée à cette sélection et s’appuie sur des critères bien précis. Le cas des chevaux sauteurs est un peu particulier.
Les chevaux sauteurs sont nattés en blanc, ils portent sur leur dos une selle à deux piquets, un devant et un derrière, sans étrier.
C’est une discipline qui nécessite une certaine corpulence, les chevaux sauteurs doivent être assez courts et être très forts en muscles, énergiques. Il arrive que ces chevaux se produisent jusqu’à l’âge de 20 ans car nous nous appliquons à les protéger au maximum. Lors des déplacements, nous demandons que soit respecté un cahier des charges très stricte.
CA : Un cheval d’école ne pourra donc jamais devenir un cheval de prestige ?
FM : Si cela arrive, mais c’est plutôt le contraire qui se produit, en raison notamment de l’âge. Parfois, un écuyer peut découvrir des qualités chez un cheval d’école pour devenir un cheval de prestige. Dans le cas contraire, un cheval de prestige n’étant pas assez « brillant » pour participer à un gala, pourra servir à la formation.
CA : Combien de corps de métiers existe t-il au sein du Cadre Noir?
FM : Au sein de l’école il y a 43 écuyers, 60 soigneurs, 3 vétérinaires dont un spécialisé en ostéopathie, 3 infirmiers dont un dentiste, 5 maréchaux ferrants, 20 personnels administratifs, 10 agents techniques.
A nouveau, un grand Merci à Frédérique Mercier pour ces informations précieuses.
Le Gala d’ouverture a tenu ses promesses, l’écuyer Jean-Michel Poisson, en charge de la coordination des représentations, a joué pleinement son rôle d’enseignement. Le programme a affiché l’ensemble des tableaux qui ont fait la renommée de la Haute Ecole : airs relevés et sauts d’école, équitation académique, reprise des sauteurs à la main, pas de trois, longues rênes à l’obstacle, reprise des sauteurs en liberté, longues rênes sur le plat, voltige et reprise de manège…Pédagogie et Spectacle étaient donc au rendez-vous. Comme à son habitude, le Cadre Noir de Saumur a su nous donner de l’émotion.
Cette soirée était d’autant plus particulière que l’Ecole Nationale d’Equitation était en deuil. Frédérique Mercier, Jean-Michel Faure, ainsi que l’ensemble de la cavalerie portaient un brassard noir au bras gauche en l’hommage à leur compagnon, Arnaud Lemaire, écuyer du Cadre Noir depuis 1997, décédé samedi dernier à l’âge de 47 ans.
J’ai réalisé à quel point le Cadre Noir était une grande famille soudée, pleine d’Histoire, et investie d’un rôle primordial qu’elle remplit brillamment dans le présent et pour le futur.
Bien que les écuyers du Cadre Noir de Saumur perpétuent la pratique des airs relevés et sauts d’école, ils se tournent aujourd’hui vers le Sport et la Compétition dans toutes les disciplines. Les écuyers du Cadre appliquent désormais cette célèbre phrase du Colonel Danloux, écuyer en chef de 1929 à 1933 :
Le culte de la tradition n’exclut pas l’amour du progrès.
B.
Superbe article, très intéressant. Merci Cheval Annonces !
Merci
Bravo à Chevalannonce pour ce post! Le Cadre Noir de Saumur <3
super !